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Violence Routière 41 - Bougez autrement à Blois - Bougez autrement dans le val de Loire -

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Multitâches !

Publié le 13 Mai 2010 par LS&JLS&c in usager vulnérable

Pas plus de deux choses à la fois
Lucia Sillig


Le cerveau peut répartir deux objectifs entre ses deux hémisphères. Mais il n'arrive pas à en gérer trois simultanément. Des experts expliquent comment utiliser au mieux la mémoire de travail, et comment s'organiser

LES LIENS
◦ Les habitués des tâches multiples peu efficaces
◦ Epidémie de surcharge cérébrale


Le cerveau n'arrive pas à poursuivre plus de deux objectifs à la fois. C'est ce que suggère une étude publiée récemment dans Science. Selon les travaux de chercheurs français, lorsqu'il est confronté à deux tâches différentes, le cerveau attribue un but à l'hémisphère gauche, l'autre à l'hémisphère droit. Et lorsqu'une
troisième tâche se présente ? Incapable de gérer autant de missions à la fois, il en abandonne une.


«Ce n'est pas tant l'exécution qui pose problème que le maintien d'objectifs simultanés, précise un des auteurs, Etienne Koechlin,
de l'Institut national français de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Un peu comme quand vous êtes en train d'écrire un courriel et que le téléphone sonne. Souvent, en
raccrochant, vous avez perdu la mémoire de ce que vous vouliez faire.»
Trente-deux sujets, tous droitiers pour des raisons d'homogénéité, ont participé à l'expérience. Leur activité cérébrale a été enregistrée par résonance magnétique (IRM) fonctionnelle, tandis qu'ils s'attelaient à une ou deux tâches. La première consistait à visualiser des lettres majuscules qui apparaissaient successivement sur un écran, en indiquant si ces lettres se suivaient aussi dans le mot «tablette».
De temps à autre, des lettres minuscules s'affichaient également en bas de l'écran et les cobayes devaient suspendre leur première occupation pour faire le même exercice avec ces minuscules.
Les chercheurs se sont concentrés sur la partie frontale du cerveau, en particulier la zone médiane, tout à l'avant du crâne, où réside le système de motivation. «Le lobe frontal est un peu le pilote du cerveau», explique Patrik Vuilleumier, du Centre de neurosciences de l'Université de Genève. A chaque tâche était attribuée une récompense monétaire de valeur différente. L'intensité d'activation du cortex variant en fonction de la hauteur de cette récompense, les chercheurs pouvaient distinguer quelle zone poursuivait quel objectif.
«Lorsque le cerveau est confronté à une seule tâche, ses deux lobes frontaux coopèrent pour représenter le but à atteindre, observe Etienne Koechlin. Quand le deuxième exercice apparaît, un lobe garde la représentation de la tâche «majuscules», même si le sujet n'est pas en train de l'accomplir, afin de pouvoir y retourner. Pendant ce temps, l'autre lobe se focalise sur les minuscules.»
Lorsqu'ils n'ont qu'une chose à faire, les cobayes ne font que 3% d'erreurs. Avec deux tâches, leur temps de réaction augmente d'un dixième de seconde. «Cela s'explique probablement par un conflit entre les deux hémisphères, poursuit le chercheur. Il y a aussi un coût, pas énorme mais significatif, en termes de
performances: le taux d'erreurs augmente de 2-3%.»


C'est quand une troisième tâche se présente que les choses se gâtent sérieusement: on passe à 25% d'erreurs. «Soit précisément le taux auquel on peut s'attendre si le sujet abandonne une des occupations qu'il a en mémoire», souligne le neuroscientifique. C'est ce qui permet aux chercheurs de conclure que l'être humain ne peut pas poursuivre plus de deux objectifs à la fois. Et non, il n'y a aucune différence entre les cobayes féminins et masculins.


Beaucoup de gens sont toutefois convaincus de pouvoir faire deux, trois, ou beaucoup plus de choses en même temps. Certains scientifiques soutiennent néanmoins que le «multitasking» n'existe pas. «Quand on parle de multitâche, il s'agit en fait de la capacité, après avoir été interrompu, de reprendre son occupation de départ», relève Etienne Koechlin. N'est-il donc pas possible, par exemple, de téléphoner en conduisant ? «Les deux lobes frontaux permettent de contrôler l'exécution des deux tâches en basculant de l'une à l'autre, mais cela à un coût. Notamment d'un dixième de seconde de temps de réaction en plus…» Des études indiquent que téléphoner au volant, avec ou sans main libre, équivaut à une baisse d'attention comparable à l'effet de 0,8 pourmille d'alcool dans le sang.



Pour Lin Lin, du Département de technologies de l'apprentissage de l'Université du Texas du Nord, certaines tâches peuvent être accomplies en parallèle tandis que d'autres requièrent un aller-retour cérébral perpétuel. «Cela dépend de la charge cognitive requise par les différentes tâches, ainsi que de leur nature et des sens impliqués. On ne donne pas le même poids ou la même attention à tout ce que l'on est en train de faire. Je dirais par exemple que repasser et regarder la télévision peut être fait en partie en parallèle, certaines des activités physiques ou cérébrales impliquées étant automatisées. Mais d'autres requièrent une coordination.» Il semble en effet que si des actions peuvent être exécutées simultanément, tout ce qui demande une prise de décision ou de la planification occupe toute notre attention.
Un des mérites de l'étude française, aux yeux de Patrik Vuilleumier, est justement de montrer comment le cerveau se débrouille pour gérer cette planification, en hiérarchisant les tâches. «Le lobe frontal est une des parties de l'organe qui s'est
le plus développée depuis notre dernier ancêtre commun avec les chimpanzés, souligne-t-il. Il nous donne notamment une capacité d'organisation à long terme.»
Pour les auteurs, les résultats de leur expérience pourraient en outre expliquer certaines limites du raisonnement humain. «Des études suggèrent que les êtres humains font des choix optimaux face à des questions binaires, mais que ce n'est pas le cas si les alternatives sont multiples, illustre Etienne Koechlin. Tant qu'il n'y a que deux options, le sujet peut les garder à l'esprit et les analyser. S'il y en a plus, il semble qu'il procède par élimination, en les comparant deux à deux.»

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