Voies publiques: les défauts d’une vision en 3D, Dérapage, Défiance, Démolition
L’écart entre des réalités locales nonchalamment acquises et les principes normatifs officiels questionne la Ligue contre la Violence Routière du Loir et Cher. Pour l’association départementale, la mort de piétons sur la voie publique en 2012 projette une lumière très crue sur les forces partisanes
privilégiant l’ensauvagement motorisé aux dépens des usagers vulnérables.
(Saint Loup sur Cher)
Un arrêté du 15 janvier 2007, reprenant sur des textes plus anciens, stipule que pour les trottoirs : "La largeur minimale du cheminement est de 1,40 mètre libre de mobilier ou de tout autre obstacle éventuel....". Six ans plus tard (sauf dans quelques communes) , la réalité est autre, avec la rénovation de nombreux trottoirs bien trop étroits pour un cheminement sécurisé des personnes handicapées ou vieillissantes, trottoirs inaccessibles aux enfants et encore plus fréquemment, trottoirs encombrés de voitures-ventouses, obstacle rédhibitoire.
L’article L228-2 du code de l’environnement stipule que "A l'occasion des réalisations ou des rénovations des voies
urbaines, à l'exception des autoroutes et voies rapides, doivent être mis au point des itinéraires cyclables pourvus d'aménagements sous forme de pistes, marquages au sol ou couloirs
indépendants, en fonction des besoins et contraintes de la circulation ».
Or, à l’occasion d'une rénovation de voie urbaine en cours dans le bourg de Monthou-sur-Bièvre, aucun aménagement cyclable n'a été prévu. L’itinéraire cyclable proposé est un chemin à rallonge, sinueux, boueux, davantage adapté au VTT qu’aux déplacements contraints des riverains. Il ne semble comporter aucun aménagement cyclable. Les riverains de la départementale bientôt réaménagée ne bénéficieront d'aucun aménagement cyclable, alors que la loi l'impose.
Parallèlement, on assiste à une poussée subite d’accessibilité avec des trottoirs extensibles. Prévus de 2,50m à 4m, la bonne et généreuse intention ne camoufle-t-elle pas plutôt un appel aux stationnements ? L’incohérence du projet a été accrédité par Monsieur le Préfet lui-même.
(Monthou sur Bièvre - itinéraire cyclable par "Gâte Coeur" ou crève coeur ? )
Dérapage
Comment l’administration, faisant la part belle aux facilités routinières, peut-elle ignorer des textes législatifs, comme à Blois, Monthou sur Bièvre, Chaumont sur Loire , Villetrun, Saint Loup sur Cher...
La nouvelle (juin 2009) rue Louis Braille à
Vineuil pour accéder au centre commercial. Les personnes mal voyantes et à mobilité réduite auraient-elles été oubliées ?
Combien de temps pourra-t-elle survivre dans ce vivier de l’atrophie institutionnelle ?
(Chaumont Sur Loire
travaux d'aménagement en cours)
Défiance
Comment des projets, ne respectant pas les règlements, peuvent-ils bénéficier de l’onction préfectorale ? Une défiance généralisée s’est installée envers le rôle de
l’autorité suprême départementale qui se plie aux susceptibilités locales.
(Moisy 41)
Démolition
Trottoirs inexistants, inaccessibles, encombrés, itinéraires cyclables impraticables, nous sommes dans une réalité navrante de démolition, par l’Etat dans l’Etat,
d’un bien du domaine public, tout en lui enlevant ses lettres de noblesse : la protection des usagers les plus faibles.
L’archétype le plus achevé de ces glissements législatifs est l’indulgence à répétitions accordée aux vitesses excessives. La Ligue contre la Violence Routière rend compte régulièrement d’autorités municipales n’hésitant pas à user de la puissance et pouvoir qui leur
sont conférés, aux échelons pertinents d’une politique publique, pour la protection de leurs administrés et usagers fragiles des voies communales.
Saint Aignan - espace piéton entre les poids lourds et le mur !
Sur fond de situation intenable, des représentants de l’Etat, à chaque niveau de compétence, ne peuvent plus s’exonérer des dispositions législatives et
réglementaires régissant la voie publique.
A moins de se désavouer, ils ont l’obligation de faire appliquer la loi et ne pas fonctionner comme des multiplicateurs d’obstacles à la sécurité des citoyens les plus exposés au danger, tels les usagers les plus faibles et les riverains.
Si l’Etat veut rétablir un peu de sa crédibilité dans ce domaine, il doit abandonner un rôle dommageable pour notre démocratie, celui d’amplificateur de surenchères économiques ou électoralistes.